Les communs sont des ressources partagées, gérées et maintenues collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser ces ressources tout en fournissant aux membres de cette communauté la possibilité et le droit de les utiliser, voire, si la communauté le décide, en octroyant ce droit à tous. Ces ressources peuvent être naturelles (une forêt, une rivière), matérielles (une machine-outil, une maison, une centrale électrique) ou immatérielles (une connaissance, un logiciel).
Les communs impliquent que la propriété n’est pas conçue comme une appropriation ou une privatisation mais comme un usage. Hors de la propriété publique et de la propriété privée, les communs forment une troisième voie.
Ce concept, développé dans les années 90 par Elinor Ostrom politologue américaine (1933-2012), a profondément marqué la compréhension des biens communs et des systèmes de gouvernance. Récompensée par le Prix Nobel d’économie en 2009 pour ses travaux, elle a remis en question l’idée de la « tragédie des biens communs », démontrant que des groupes de personnes peuvent gérer durablement ces ressources grâce à des arrangements institutionnels appropriés.
Son ouvrage majeur, « Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action » publié en 1990, met en lumière les principes favorisant une gestion durable des communs, tels que la clarté des limites et des règles, la participation des utilisateurs et utilisatrices dans le processus décisionnel et des mécanismes de sanction en cas de non-respect des règles. En soulignant l’importance des institutions locales et de l’auto-organisation des communautés, Ostrom a montré que les solutions pour la préservation des biens communs ne résident pas uniquement dans des réglementations externes, mais aussi dans des arrangements informels et des normes sociales. Ses travaux continuent d’influencer les politiques de gestion des ressources naturelles et inspirent les initiatives de gouvernance participative à travers le monde.
Les exemples de communs abondent dans notre quotidien, bien que parfois nous ne les percevions pas comme tels. Une forêt communale où les habitants peuvent librement se promener, ramasser du bois mort et cueillir des champignons en est un exemple. De même, une bibliothèque où les livres sont mis à disposition du public sans frais supplémentaires représente un commun immatériel.
Dans le domaine de l’innovation et du social, d’autres exemples de communs émergent, démontrant comment les ressources peuvent être partagées et gérées collectivement pour répondre aux besoins de la communauté. Voici quelques exemples :
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Plateformes de partage de connaissances : Des plateformes en ligne telles que Wikipedia, où les utilisateurs contribuent librement à la création et à la diffusion de connaissances, constituent un exemple majeur de communs immatériels dans le domaine de l’innovation sociale. Ces plateformes favorisent l’accès universel à l’information et encouragent la participation collaborative à la construction du savoir.
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Fablabs et espaces de coworking : Les Fablabs, ou laboratoires de fabrication, ainsi que les espaces de coworking sont des exemples de communs matériels qui offrent des ressources et un espace partagé pour l’innovation et la création. Ces lieux favorisent la collaboration entre individus et permettent l’accès à des équipements et des outils de production pour le prototypage et le développement de projets.
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Réseaux d’échange de savoir-faire : Les réseaux d’échange de savoir-faire, tels que les Repair Cafés ou les jardins partagés, sont des exemples de communs où les compétences et les ressources sont partagées au sein de la communauté. Ces initiatives favorisent l’apprentissage mutuel, la réparation d’objets et la promotion d’une consommation plus durable et responsable.
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Logiciels libres et open source : Les logiciels libres et open source, tels que Linux ou WordPress, sont des exemples de communs immatériels dans le domaine de l’innovation technologique. Ces projets sont développés et maintenus de manière collaborative par une communauté mondiale de développeurs, permettant ainsi un accès libre et gratuit à des outils informatiques puissants.
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Financement participatif et monnaies locales : Les plateformes de financement participatif (crowdfunding) et les initiatives de monnaies locales sont des exemples de communs financiers qui permettent à la communauté de soutenir financièrement des projets locaux et de renforcer les échanges économiques au niveau régional. Ces initiatives favorisent l’autonomie financière et la résilience des communautés face aux défis économiques.
En somme, les communs sont des ressources gérées de manière collective, offrant une alternative à la privatisation ou à la propriété publique. Ils démontrent comment une communauté peut collaborer pour préserver et utiliser efficacement des ressources pour le bénéfice de toutes et tous.
Une vidéo proposée par l’AFD – Agence française de développement